Arnacoeurs Côte d'Ivoire ©

Mails frauduleux, prétextes fallacieux, faux sites marchands, incitations à investir dans des placements à haut rendement qui se révèlent être des arnaques… Les tentatives d’escroqueries pullulent sur Internet, comme le confirme l'enquête de la cellule investigation de Radio France menée par Abdelhak El Idrissi. Un exemple courant est celui du Compte Personnel de Formation : des plateformes téléphoniques cherchent à siphonner le crédit des salariés en les inscrivant à leur insu à des formations inexistantes ou de très mauvaise qualité. Les conséquences sont bien sûr matérielles, le parquet de Paris estimant en effet que les faux placement causent cinq cent millions d’euros de préjudice par an. Mais elles sont également morales et psychologiques : maladies, dépressions et, dans le pire des cas, suicides.

Une romance virtuelle

L’histoire d’Elisabeth commence sur LinkedIn. Cette Française de cinquante-neuf ans, divorcée et à la recherche d’un nouveau partenaire, s’est inscrite sur les sites de rencontres, mais n’y trouve pas son bonheur. Quand un entrepreneur Britannique lui écrit sur LinkedIn, se disant lui aussi divorcé et à la recherche d’une relation amoureuse, Elisabeth ne se méfie pas. Très vite, ils se mettent à échanger des dizaines de messages sur WhatsApp, et s’appellent chaque jour.

“Il y avait sa photo sur LinkedIn. Je l'ai trouvé bel homme. Il m'a envoyé une photo avec son chien où il a l'air d'un homme assez doux, quelqu'un qui inspire confiance et qui a l'air sympathique. Et puis, je l'ai trouvé gentil.” Elisabeth

Alors qu’ils se rapprochent de plus en plus, l’homme lui annonce sa venue à Paris. Mais au dernier moment, il annule son voyage. Des problèmes liés à son entreprise le retiennent. “Comme on parlait anglais et que c'était du vocabulaire technique, je n’ai pas du tout compris”, explique-t-elle. “C’est là qu’il a commencé à me demander de l’argent”.

"J'ai perdu vingt ans d'économies en deux mois"

Elisabeth n’est pas riche. Elle a des économies, accumulées pendant des années en vue de sa retraites, mais c’est tout. Elle accepte cependant d'avancer de l’argent au mystérieux entrepreneur, quitte à se lancer dans une création de comptes Kraken et l’achat de bitcoins. “Il avait l’air tellement triste”, se souvient-elle. “Je me disais que je devais l’aider”.

Quoi qu'il en soit, pour Elisabeth, ce n’est qu’une mauvaise passe. Elle rêve déjà sa vie future en Angleterre, au côté de ce prince charmant qui lui promet un amour éternel - et se pique de temps à autre de remarques plus osées. Ce genre de message est moins au goût d’Elisabeth, mais elle ferme les yeux. Elle répond par des poèmes romantiques.

L’homme, lui, lui demande toujours plus d’argent. Il parle de compte offshore en commun, lui demande de lui avancer des accomptes pour débloquer des fonds, mais Elisabeth n’a plus d’économies. Elle décide alors d’emprunter de l’argent à sa famille, sans leur parler de la situation de son amant virtuel.

“En tout, j'avais prêté 94 000 euros, dont 34 000 euros à peu près que j'avais emprunté et 60 000 euros qui représentaient toutes mes économies. Finalement, j'ai vidé mes 20 ans d'économies sur trois mois.” Elisabeth

Son fils finit par se poser des questions, et il comprend vite que sa mère est en train de se faire escroquer. Après quelques recherches sur Internet, il est stupéfait de ce qu’il découvre…

A écouter ici :