En ces temps de vacances je vous invite à la lecture et à la réflexion ...
Repéré par Denim dans la presse
Un article très intéressant dans l'Est Eclair du 4 juillet :
Je ne doute pas que certains d'entre nous pourront penser qu'il y a une justice !
Escroquerie à l'africaine : prison et lourde amende
Publié le mercredi 04 juillet 2012 à 10H03 - Vu 1160 fois
Le tribunal digère mal les arnaques. Hier, cinq Ivoriens en ont fait les frais
Sur le banc des prévenus, cinq hommes palabrent le temps d'une audience fleuve. Une équipe d'escrocs sans grande envergure dont la plupart a trempé dans un dossier complexe d'escroquerie au colis.
Et si l'histoire s'arrêtait là, elle prêterait à sourire tant les déclarations transpirent l'amateurisme. Mais la voix des victimes plombe nettement l'ambiance « mamaille à l'africaine ».
Car dans ce dossier, il ne s'agit pas uniquement de colis détournés mais d'arnaque au cœur. De femmes dépouillées par celui ou ceux qui ont flairé leur vulnérabilité à des milliers de kilomètres de là (voir par ailleurs).
Destination la Côte d'Ivoire. À l'époque, le pays s'enfonce dans la guerre civile. Un contexte qui incitera certains des prévenus à trouver refuge en France… Et à être interpellés.
Janvier 2010. À Coclois, une femme se décide à porter plainte. Depuis plusieurs mois, elle s'est amourachée d'un homme rencontré sur internet. Un « Occidental » qui doit se rendre en Côte d'Ivoire et qui l'appelle au secours. Malgré des scénarios aussi rocambolesques qu'incrédibles, sa belle va passer au porte-monnaie. Les semaines défilent au rythme des mandats envoyés contre des chèques qui s'avéreront volés. Elles seront près d'une trentaine à subir le même sort. « Ce sont de beaux parleurs, on y croyait et on s'est fait avoir. »
Commanditaire
Aux commandes, Achille Dally Zakoué reconnaît une seule victime. « J'ai commencé à dialoguer avec une femme dans un cybercafé. Je lui ai demandé 600 € qu'elle m'a envoyés mais je ne sais rien des chèques. »
Et les autres ? Toutes les autres ? « Je ne les connais pas. » Zakoué s'entête et campe sur des positions fragilisées par les questions du représentant du ministère public. Car les investigations menées par les gendarmes remontent des numéros de téléphones, des alias et des photographies dont Achille Dally Zakoué s'est servi pour berner sa première victime. Qu'importe. « En Afrique, les numéros de téléphone circulent facilement. » La main sur le cœur, ce tout jeune homme jure à l'envi.
« Trop de coïncidences tuent le hasard », lance Sofian Saboulard persuadé de tenir le commanditaire d'une bande organisée. Et c'est là que les quatre autres comparses entrent dans la danse.
Car celle qui a porté plainte n'a pas rompu le contact et Zakoué va lui proposer une autre « activité ». Elle réceptionnera des colis que des amis viendront chercher. Ce qu'il nie farouchement.
Les gendarmes mettent en place écoutes téléphoniques et surveillances. La mule reçoit les colis et Kouadio Assamoi ainsi que Thomas Noba se font pincer.
Eux non plus ne sont au courant de rien. Ils ont simplement rendu service.
Les versions fantaisistes se choquent et Zakoué est balancé à l'audience par Maxime Zahoui. L'artiste de la bande. Le bras droit. « C'est lui qui organise tout. Son boulot, c'est l'escroquerie. » Zahoui qui est chargé de contacter Noba pour récupérer les téléviseurs. S'il agit comme ça, c'est pour régler ses dettes.
« En Côte d'Ivoire, les trois quart des jeunes vivent de l'escroquerie. Je leur ai expliqué que c'était une arnaque et ils l'ont fait quand même. »
Alors que Noba et Assamoi sont incarcérés, François N'Sisso tente à son tour de récupérer la marchandise. Comme tous les autres, il finira par être arrêté et placé en détention provisoire.
Le cerveau, le bras droit et les fourmis ouvrières : « Des personnalités qui témoignent de l'ADN de l'escroc », résume Sofian Saboulard qui décrit « une équipe de raconteurs d'histoires avec une certaine structure, une entente établie, des rôles définis pour chacun ». Pour l'homme qui sait mentir et qui a fait de l'escroquerie son « cœur de métier », le procureur requiert quatre ans. Zakoué devra par ailleurs s'interdire de paraître sur le territoire français durant cinq ans.
Contre Zahoui et son « rôle primordial » : deux ans. Assamoi aura du mal à faire oublier son casier judiciaire (14 mentions) : dix-huit mois. Enfin, les réquisitions seront plus légères pour N'Sisso (huit mois) et Noba (10 mois).
Tour à tour, les avocats se succéderont pour faire entendre doute et incohérences. Pour la plupart d'entre eux, les cinq prévenus constituent les dindons de la farce. Kouadio Assamoi et Thomas Noba ont été condamnés à quinze mois de prison, François N'Sisso à dix-huit mois, Maxime Zahoui à deux ans avec maintien en détention.
À l'encontre d'Achille Zakoué, le tribunal a prononcé trois ans de prison. Il devra par ailleurs indemniser ses nombreuses victimes. La note dépasse 100 000 €.
Vous pourrez lire cet article sur le site du quotidien.
Un excellent article au sujet des brouteurs
Pour faire bonne mesure un excellent article que vous avez déjà peut être déjà lu mais qui vient de paraître à nouveau sur l'excellent site avenue225 :
Cyber-escroquerie : nos amis les brouteurs
Il y a un adage bien connu qui dit que l’argent n’aime pas le bruit. Cependant en Côte d’Ivoire, il y a un « concept » dans le mode de vie de la jeunesse qui impose le « Boucan et le vacarme » autour du nerf de la guerre. Il faut montrer qu’on est fort, très très fort, sérieusement fort…. Financièrement.
Par Claudus Kouadio
La déferlante Couper-Décaler avec son idéologie nauséabonde qui se résume au divertissement et à l’argent facile en est l’instigatrice première. Notre jeunesse qui n’a plus aucun repère solide à trouver son Nouveau Dieu : Crésus.
Tous les moyens étant bon pour avoir de l’argent, certains ne vont pas trop se creuser la tête mais parer au plus simple (selon leur entendement): recrudescence de l’industrie du sexe, vol, escroquerie….
Comme par enchantement, un filon peu ou presque pas exploité par les Ivoiriens connaissait un franc succès dans la communauté Ibo du Nigeria installé à Abidjan : les arnaques sur Internet.
La plupart des novices qui s’y intéressaient commençaient auprès d’un Ibo pour qui ils travaillaient comme interprète ou traducteur pour ses « clients » francophones. Les Ibos avaient pour habitude d’être plutôt discret dans leurs affaires qu’ils menaient à bien depuis plusieurs années : leur association avec les arnaqueurs recrutés et formés sur place va les dévoiler au grand jour et leur coûter très chère.
Au début, les premiers appelés, Ivoiriens, furent de jeunes gens peu scolarisés, sans emploi et qui ne faisaient pas grande chose de leurs longues journées. L’oisiveté étant la mère de tous les vices, cette activité répréhensible se présentait comme une véritable aubaine pour jeune fille et garçon qui trouvaient là un moyen de se faire de l’argent pour s’affirmer dans la société du «m’as-tu vu» dans laquelle ils vivent.
Mais aujourd’hui toutes sortes de personnes sont attirés ou exerce dans ce business. Très vite, ils deviennent gourmands et volent de leurs propres ailes pour la plupart. Cependant, certains continuent de « brouter » aux pieds de leurs maîtres avec qui ils apprennent de nouvelles techniques.
Les têtes pensantes, ceux qui gagnent plus de 90% et plus des bénéfices (car ils investissent souvent beaucoup d’argent et de temps) de ce Business (ils le considèrent comme tel) ne sont pas les acteurs de proue que vous voyez traîner dans les cybercafés à longueur de journée… Ceux là ne ramassent que des miettes avec de vieilles techniques de ‘Brout’ qu’ils ont appris auprès de certains mentors Ibo.
Ils ne représentent que la partie émergente de cet énorme Iceberg que représente ce système complexe qui comme un virus pernicieux mute sous d’autres formes pour faire diversion tout en continuant à agir.
« L’eau lave, mais l’argent rend propre ».
Alors, de visu on doit reconnaître le brouteur par son apparence. Argent gaspiller à profusion dans les soirées au maquis et en boîte de nuit, accessoire vestimentaire clinquant et de marque prestigieuse (Le Bling Bling…). Pour avoir son « Spot » et un nom dans le milieu, le brouteur ne lésine pas sur les moyens.
L’AMALGAME ENTRE CYBER-ESCROQUERIE ET CYBER-CRIMINALITE
Je crois qu’il y a nuance au niveau de l’appellation de ce phénomène. Les brouteurs ne sont pas des pirates qui infiltrent des systèmes informatiques pour modifier ou volés des fichiers… Tous ce qu’ils font avec Internet c’est « Communiquer »… par téléphone ou mails: Rien de plus.
Ils vous envoient un mail pour établir le contact. Si vous êtes une personne physique, libre à vous de communiquer votre N° de Téléphone ou non en remplissant un formulaire. Si vous êtes réceptifs au contact, ils attaquent en fonction de votre profil ou votre centre d’intérêt en venant sur le net. Et croyez moi, à moins d’avoir l’esprit très ouvert ou un coeur de pierre, vous risquez d’ouvrir votre porte monnaie. Ils sont très subtile et savent s’entourer en fonction du business qu’ils pilotent.
Policier, Banquier, juges, Notaires, Société écran, filles très belle qui contact la cible, documents certifiés… (Très souvent bidon en réalité). Bref … ils sont très bien organisés et ont des filiales un peu partout dans le monde. Entre autres pions pour ‘toucher le coeur’ de leurs victimes: le sexe, les menaces et intimidations faites à la cible, la misère en Afrique, les pierres précieuses, les oeuvres artisanales, l’organisation de voyage genre Safari, la vente d’exploitation agricole fictive… et bien d’autres.
Si vous êtes une Entreprise, ils vous proposeront un business très lucratifs et vraiment alléchants…Ils vous avancerons même de l’argent: aux finish vous vous mordrez les doigts et n’aurez que vos yeux pour pleurer. Ils ont toujours de nouveau tours de passe-passe.
Le paradoxe est que la plupart des victimes ont souvent du mal à porter plainte au finish car ayant eux même, à un moment ou un autre, été coupable d’une opération illégale pendant l’opération (non paiement de le TVA dans leur pays par exemple) : Joker souvent soigneusement préparer par l’escroc.
Le plus intéressant est le moyen de paiement: Western-Union, la plupart du temps. Mais pourquoi n’arrive-t-on pas à trouver des traces après leurs forfaits alors qu’ils sont identifiés lors des retraits ? Complicité des agents oblige.
Exemple: M. ou Mlle X ne donnera jamais sa vraie identité à sa future victime. Il ou elle donne une identité fausse (identité communiquée à son contact dans une agence Western Union ou une autre agence de transfert de devise). Quand l’argent arrive, il (ou elle) le retire sans présenter de papiers à la caisse ou en présentant de faux papier contre un pourcentage pour son contact dans la structure de transfert d’argent. En cas de problème c’est ni vu ni connu.
Trop prétentieux » je connais tous les rouages du système ».
La seule chose à faire est de ne jamais établir un contact durable avec ces gens car ils finiront par vous avoir.
Ils n’agissent pas qu’en occident comme le font croire certaines personnes mais un peu partout dans le monde. Pourvu qu’ ils arrivent à communiquer avec vous.
Les structures de transfert d’argent ne sont plus leur seul porte de sorti. Des agents dans de véritables institutions bancaires et aussi des douaniers (pour les dédouanements de biens en nature, achetés en ligne avec des cartes de crédits volées) jouent le jeu et en profitent tous.
Le procédé des brouteurs m’a toujours fait penser aux films Western de mon enfance : la vie dans le Far West… A un moment ou à un autre, le brouteur vous impose un duel en face-à-face d’où vous pourriez sortir gagnant financièrement l’un ou l’autre. Là, il ne vous reste que deux choix :
1. Personne ne tire et vous en sortez plus ou moins indemne tous les deux.
2. Vous tirez tous les deux, mais le brouteur sera toujours le premier à vous atteindre car il est Lucky-Luke (il tire plus vite que son ombre).
Un brouteur avec qui j’ai parlé de ce sujet m’a confié quelque chose que je trouve révélateur. Il m’a dit :
«Là ou j’en suis, je préfère vivre un jour et me faire capturer comme un lion que de vivre tous le reste de ma vie à traîner comme un mouton. Tu ne peux pas comprendre si tu n’as pas essayé… Il y a trooooop d’argent à gagner sans rien foutre. »
Publié la première fois le : 22 novembre 2009 à 17 h 12 min