Par Julie-Solveig SAINT-GERMES
Contraints de rester chez eux à cause de la pandémie de Covid-19, de nombreux Français
se sont inscrits sur des sites de rencontres ces derniers mois. Une aubaine pour certains
escrocs du web, spécialistes de « l’arnaque à l’amour ». Mais de quoi s’agit-il ?
La pandémie de Covid-19, les confinements et couvre-feux successifs n’ont pas été sans conséquence sur les liens sociaux et les relations amoureuses. Nombreux sont les Français, contraints de rester chez eux, à avoir d’ailleurs fait état d’un sentiment de solitude extrême.
Dans l’espoir de trouver l’âme sœur malgré les circonstances, beaucoup de personnes n’ont pas hésité à tenter la romance virtuelle, en s’inscrivant sur des sites de rencontres ou en flirtant sur les réseaux sociaux.
Une aubaine pour de nombreux escrocs du web rompus à la fameuse « arnaque de l’amour ». Mais de quoi s’agit-il ? On vous explique.
Des arnaques pouvant atteindre des millions d’euros
Voilà plusieurs années que « l’arnaque à l’amour », également appelée « arnaque à la romance », se répand sur internet. Mais comme le rapporte le site Presse-Citron, ce phénomène a été largement exacerbé ces derniers mois par la crise sanitaire.
Récemment, un quinquagénaire résidant à Nontron, en Dordogne, s’est ainsi vu extorquer pas moins de 1 500 €, en croyant avoir trouvé l’amour. Une somme importante, mais très inférieur à d’autres cas « d’arnaques à l’amour », où les victimes ont rapporté avoir perdu de 42 000 € à 3 millions d’euros !
Concrètement, l’arnaque à l’amour consiste pour un escroc à tisser un lien prétendument amoureux avec un(e) internaute, à grand renfort de fausses photos, accompagnées d'une description inventée de toutes pièces pour remplir les détails d’un profil. Comme le rapporte Capital, certains vont même jusqu’à « apprendre par cœur une page Wikipédia d’une région dont ils se prétendent originaires », afin de parfaire l’illusion.
Une fois le lien créé avec une victime à la recherche de l’amour, se met alors en place tout un système d’extorsion de fonds. Très souvent, l’escroc demande à la victime de lui venir en aide pour tel ou tel achat, en lui promettant bien sûr de la rembourser plus tard… sans que cela n’arrive jamais.
Des virements via des cartes prépayées
Le quiquagénaire de Dordogne s’est ainsi fait avoir par « une femme », qui a commencé par lui demander « 50 € par ci et par là » pour soi-disant s’acheter des vêtements, avant de passer au stade supérieur et de lui demander de verser 1 500 €.
Pour rassurer l’homme, qui a fini par s’inquiéter de voir son compte en banque fondre comme neige au soleil, la « femme » escroc est même allée jusqu’à verser 3 000 € en cash, via des cartes prépayées sans compte bancaire, à l’internaute amoureux.
La somme de 3 000 € correspondait à 1 500 € de remboursement et 1 500 € qu’il lui restituerait plus tard parce que la prétendue dulcinée « traficotait dans le business des tableaux » et préférait « blanchir l’argent ».
Mais comme le rapporte Capital, cet argent, viré sur le compte en banque du quinquagénaire par sa « bien-aimée », s’est révélé être de l’argent issu d’un autre compte en banque, lui-même piraté et dont le propriétaire a porté plainte.
Si ce dernier a pu récupérer son argent, le quinquagénaire de Dordogne, lui, s’est retrouvé pris au piège, l’argent lui ayant été viré par cash. « Ayant payé en cash, il ne peut pas bénéficier d’assurance bancaire et doit désormais rembourser l’autre victime tous les mois », indique ainsi Capital.
Un montant record en 2020
Selon Presse-Citron, ce type d’arnaques à l’amour, qui ressemble toujours peu ou prou à celle dont a été victime le Nontronnais, a rapporté des sommes records aux escrocs en 2020.
Aux États-Unis, la Federal Trade Commission (FTC) a ainsi annoncé que « les internautes victimes de ces pratiques aux États-Unis ont perdu au total 304 millions de dollars en 2020 », soit 50 % de plus par rapport à 2019. En moyenne, cela représente environ 2 500 dollars par victime.
Dans un rapport publié à ce sujet, la FTC signale en outre que si la tranche d’âge la plus visée est celle des 40-69 ans, les montants les plus élevés sont ceux escroqués aux victimes de plus de 70 ans. En moyenne celles-ci ont perdu 9 475 dollars par personne en 2020.